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Un moment avec : ElderCraft

par Dupond

J’ai eu la chance de pouvoir discuter avec Sébastien Moricard d’Eldercraft au détour d’un chemin, avec qui j’ai pu parler musique, jeux de rôle, littérature, mais encore d’autres choses, promettant notamment de belles surprises à venir.

 

 

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Sébastien a fondé il y a plusieurs années avec FibreTigre la maison d’édition Eldercraft, après une expérience enrichissante notamment chez Bragelonne. Chacun est arrivé avec ses propres idées, et ils ont publié ainsi un premier jeu de rôle, Oreste (nominé aux graals d’or en 2020, et élu meilleur jdr 2019 par scifi universe !) un jeu de rôle de science-fiction dans un univers original, dans lequel l’humanité tente de s’intégrer dans une coalition de races intergalactiques. Cette intégration ne va pas se faire simplement et les humains doivent comprendre les mécanismes de cet univers pratiquement inconnu qui leur était jusque là étranger.

Très vite, Aria, le jeu de Fibretigre, paraît. Popularisé avant même son financement participatif par Game of roles, ce jeu de rôle à l’univers très différent d’Oreste (low fantasy vs science-fiction) n’en est pas moins un incontournable du jeu de rôle Français.

 

“Fonder Eldecraft, c’était pour partager et découvrir les jeux de rôle avec un maximum de monde”

 

C’est une phrase de Sébastien que je retiens et qui se voit à travers les différents projets menés par Eldercraft.

Par exemple, la collection de RPG Book proposés par la maison d’édition. Ce concept très intéressant permet de proposer une sorte de jeu de rôle basé sur un livre, qui pourra être joué seul en parcourant les pages, ou à plusieurs dans une sorte de jeu de rôle simplifié, voire même sous forme de jeu de rôle plus “classique” où l’un des joueurs incarnera donc le maître du jeu. 3 façons de jouer à un jeu, qui pourraient ressembler à s’y méprendre à ce que vivent les rôlistes débutants : On joue d’abord en lisant des livres, puis on commence à expérimenter avec quelques personnes sur des choses simples, et on finit par faire jouer une campagne de vampire dark ages complète de 15 ans tous les samedis au club. Ou pas, on peut aussi bien s’arrêter au milieu, ça n’est pas une pente si glissante que ça…

Ces RPG books sont aussi disponibles en audiobook, à l’aide d’une application disponible sur l’app store et google play.

Je n’aurais personnellement jamais pensé pouvoir faire un jeu de rôle avec un livre audio, mais Eldercraft y est arrivé. Rien que pour le concept cela vaut vraiment le détour. Une personne qui n’a jamais testé les jeux de rôle et voudrait vraiment découvrir ce loisir à travers un livre, peut ainsi s’y mettre à son rythme sans avoir à lire à l’avance des centaines de pages de règles. Une fois l’histoire finie, il peut ensuite être joué à plusieurs, ou enfin sous sa forme “ultime” de jeu de rôle, le joueur débutant ayant déjà compris les rouages des règles du jeu parce qu’il les a essayées, le scénario parce qu’il l’a joué et cela lui permettra donc de se concentrer sur l’expérience qu’il vit plutôt que les “à côté” comme les règles qui peuvent parfois ralentir le jeu.

 

 

Aujourd’hui, Eldercraft lance un nouveau jeu de rôle, “Les guerriers du silence”. Le financement Ulule est en cours à l’heure où cet article sort, ici.

Ce nouveau projet promet beaucoup. Des illustrations de Papayou très évocatrices, rappelant Simon Stålenhag, dépeignent un univers de SF riche et profond.

 

“On est allé chercher une pépite aujourd’hui plus si connue que ça¨

 

Me dit Sébastien. Et pour cause, les guerriers du silence, si vous ne connaissez pas, c’est aussi le nom d’une trilogie de romans de science-fiction française, écrite entre 1993 et 1995 par Pierre Bordage, sur laquelle va se baser le jeu de rôle.

Vous pourrez interpréter les fameux guerriers du silence dans leur résistance face à l’Ang’empire, un régime totalitaire en train de prendre le contrôle d’une confédération autrefois florissante.

Tout n’est cependant pas perdu, car les résistants que sont les guerriers du silence disposent de pouvoirs “indiques”, leur permettant de rééquilibrer un peu les forces dans leur quête de justice. L’univers de Pierre Bordage se prête particulièrement bien à l’adaptation en jeu de rôle, avec un mélange de détails poussés le rendant très crédible, et de portes laissées grandes ouvertes afin que le lecteur puisse s’y engouffrer et rajouter sa propre touche.

L’adaptation ne s’est pas faite sans difficulté, Sébastien étant un fan de l’œuvre originale, il a été primordial de ne pas la trahir lors de la création du jeu. L’adaptation a été faite telle que les fans de l’œuvre originale pourront retrouver celle-ci à travers les pages, mais que les néophytes pourront s’approprier le jeu de rôle sans avoir forcément lu les romans auparavant (mais ça ne gâche rien de découvrir une telle œuvre !)

Quant au système, une double mécanique sera à l’oeuvre. Là où les personnages auront leur feuille contenant leurs compétences (savoir-faire justifiés par le background plutôt que par la recherche d’optimisation), les joueurs dans leur globalité auront également un tableau que l’avancement dans les différents scénarios pourra voir évoluer. Au plus les joueurs vont remplir des objectifs, au mieux leur résistance s’organisera et ils disposeront de plus de ressources durant les scénarios. A l’inverse, accomplir ou échouer à accomplir certaines actions aura pour conséquence de faire progresser un tableau du même genre, mais pour l’Ang’Empire. De fait, une mécanique presque de plateau viendra s’ajouter aux parties de jeux de rôle, rendant les enjeux des missions plus tangibles.

Si le prochain niveau débloqué par l’Ang’Empire indique qu’à présent, les joueurs sont activement recherchés et peuvent plus difficilement se dissimuler dans une foule, les missions de furtivité deviennent prioritaire afin de pouvoir les accomplir avant qu’on ne le puisse plus…

Ce genre de discussion pourra tout à fait animer une table sur les choix à faire en tant que groupe pour la suite, et montrer de façon implacable la justesse de ceux-ci. Une mécanique qu’on pourrait dire empruntée à un jeu de plateau ou à un jeu vidéo, mais qui pourra donner du RP très facilement et sera facile à appréhender.

 

 

“En france 90% des gens font du jeu de rôle dans la fantasy”

 

C’est le constat personnel que fait Sébastien aujourd’hui. Il m’avoue de lui même que proposer un jeu de rôle de science fiction dans ce paysage n’est pas forcément quelque chose auquel le public s’attend. Mais après tout, ne donner au public que ce qu’il attend peut aussi donner des résultats parfois discutables. Nous passons quelques instants à évoquer la gamme Star Wars et notamment la dernière trilogie.

L’un dans l’autre, nous nous trouvons donc avec un jeu de rôle prometteur, un système original au service d’un univers unique, édité en France, basé sur des romans Français.

Comment ne pas s’y intéresser ?

Mais cela ne s’arrête pas là, car Eldercraft fourmille de projets. Le plus étrange qu’ait pu m’évoquer Sébastien est une mystérieuse collaboration avec le Hellfest, un festival qu’affectionnent les membres de la maison d’édition depuis 10 ans déjà. Cette nouvelle gamme sera nommée Apocalypse. Comme me le dit Sébastien, le passage entre jeu de rôle ou littérature, et métal, est facile à faire tant les inspirations du métal (au moins certains genres, je vous vois arriver les puristes) plongent dans des thèmes chers à la fantasy ou au fantastique : Le seigneur des anneaux, Lovecraft… quand ce n’est pas un univers de fantasy ou SF complètement inventé.

 

 

“Aujourd’hui le marché du jeu de rôle c’est le financement participatif”

 

Voici la réponse que Sébastien me fait lorsque je lui demande pourquoi passer par une plate-forme comme Ulule pour faire le lancement de ses livres. On serait tenté de prendre le contrepied d’une telle affirmation, mais force est de constater qu’effectivement, le jeu de rôle en boutique perd du terrain depuis des années, et que n’étant pas présent dans les libraires, ce “livre le plus cher du monde avec le public le plus petit” doit aller toucher son public directement sans chercher à passer par les circuits classiques. L’investissement nécessaire à une maison d’édition pour la parution d’un jeu de rôle oblige celui-ci à avoir un prix plus élevé que les autres livres, tout en ayant un nombre de lecteurs restreint, faisant de chaque sortie un pari. En le regardant de ce point de vue là, le financement participatif devient une évidence si l’on veut s’assurer avant un investissement aussi important la réception du public.

Et c’est grâce à ce genre de démarches que l’on se rend compte que même si le jeu de rôle disparaît des étagères des boutiques traditionnelles, il continue néanmoins d’apparaître comme par magie sur les étagères des rôlistes… La magie continue !

PS : A noter au passage car c’est aujourd’hui quelque chose qui prend de plus en plus d’importance, qu’Eldercraft se refuse à utiliser des IA génératives pour écrire des scénarios ou illustrer ses livres. C’est donc bien une équipe humaine qui est derrière tous ces projets.

Petite pique pour mon collègue qui, lorsque je lui ai montré la page du jeu, m’a dit “oh le mec de dos avec ses pierres là c’est sur c’est une IA” alors que Sébastien prend justement cette illustration en exemple en m’expliquant que c’est une illustration originale de Papayou.

 

Akashar

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